La connaissance en question | Retour sur 10 ans de partage dans le domaine de l’eau

Evènements | Journée d'échange | Publié le 20 janv. 2022
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Type : Journée d’échanges
Date : 02/12/2021
Lieu : Baud (56)
Organisation : Creseb
Public cible : Acteurs de la gestion intégrée de l’eau, élus, scientifiques

A l’occasion de son 10ème anniversaire, le Creseb a organisé une matinée d’échange autour de la nature et des enjeux du partage de connaissance, illustrée par la question de la ressource en eau. L’occasion pour le GIS de revenir sur 10 ans de partage et de co-construction dans le domaine de l’eau avec ses partenaires scientifiques, techniques et institutionnels réunis pour l’occasion. L’après-midi a été consacré au Conseil de Groupement et au renouvellement de la convention de fonctionnement du GIS.

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Table of Contents

Le Centre de ressources et d’expertise scientifique sur l’eau de Bretagne (Creseb) a officiellement été créé le 8 décembre 2011 (cf. article Qui sommes nous ?). A l’occasion de son 10ème anniversaire, le Creseb a organisé le 2 décembre à BAUD (56) une journée évènement en 2 temps.

La matinée, animée par Nicolas Guillas, journaliste scientifique, a permis aux membres et partenaires du GIS d’échanger autour des freins, des leviers et des enjeux du partage de connaissances entre acteurs scientifiques et opérationnels dans le domaine de l’eau, mission principale du Creseb depuis sa création.

L’après-midi, consacré au Conseil de Groupement et au renouvellement de la convention de fonctionnement du GIS, a permis de présenter le bilan des 3 dernières années de fonctionnement du GIS (2019-2021), ainsi que les perspectives et grandes orientations de la programmation 2022-2024.

Sciences, expériences et territoires – La connaissance en question ? – Retour sur la journée d’échanges organisée par Creseb le 2 décembre 2021 autour de la nature et des enjeux du transfert de connaissance, illustrée par la question de la ressource en eau. Collection Les Focus du Creseb – n°9. Télécharger le pdff (4,36 Mo)

Accueil et introduction

Accueil et introduction
Benoît Rolland – maire de Moustoir-Ac, président de Centre Morbihan Communauté, président du Syndicat de la Vallée du Blavet. Carole Le Bechec – conseillère régionale Bretagne, présidente de la Commission : Climat, transitions et biodiversité

Benoît Rolland rappelle l’attachement du territoire du Blavet à garder une approche du grand cycle de l’eau à l’échelle des bassins versants, notamment dans un souci de transversalité des actions. Concernant la reconquête de la qualité de l’eau, le territoire a fait le choix d’investissements importants dédiés à des opérations ‘coup de poing’ menées sur des territoires test, qui consiste en une prise en charge transversale et complète des problématiques.

Carole Le Bechec rappelle que le Creseb est soutenu depuis sa création par la Région, « très attachée à la transversalité, à la coopération et à la concertation des acteurs ». La conseillère régionale s’est félicitée de la productivité du Creseb sur plusieurs thématiques, notamment ces dernières années sur les algues vertes, puis sur les pesticides et désormais sur la gestion quantitative des ressources en eau.

Nature et enjeux du transfert de connaissances

Le transfert de connaissances pour améliorer les pratiques et les politiques
Aurélie Hot et Christian Dagenais, membres de l’équipe Renard, Université de Montréal

Après être revenue sur la notion même de transfert de connaissances (TC), Aurélie Hot a présenté ce que la recherche nous apprend sur le transfert (quels leviers et freins au TC ? les stratégies de TC, l’évaluation des retombées). Elle conclut sur le rôle des infrastructures de courtage de connaissances telles que le Creseb.

Site internet de l’équipe RENARD – Depuis 2009, l’équipe de recherche en partenariat RENARD œuvre dans ce qu’il est maintenant convenu d’appeler « la science du transfert des connaissances » (TC). Elle constitue le premier regroupement transdisciplinaire québécois consacré à la recherche sur le TC dans le domaine des interventions sociales.
Animer un processus de transfert des connaissances. Bilan des connaissances et outils d’animation – Guide méthodologique. 2009, Institut national de santé publique du Québec.
10 ans d’activité du Creseb : bilan et analyse
Romain Pansard – coordinateur du Creseb, et Hugo Le Bail – Université Rennes 2, master Géographie

Après avoir rappelé l’origine de la création du Creseb, son fonctionnement, ses missions et ses méthodologies de travail, Romain Pansard fait une rétrospective des thématiques abordées depuis 10 ans.

Hugo le Bail présente ensuite les résultats de l’étude menée en 2021 durant son stage de master, ayant vocation à obtenir les impressions des membres et partenaires du Creseb sur la question du partage de connaissances pour contribuer à l’efficacité de la gestion intégrée de l’eau en Bretagne, et sur la place du Creseb.

Parmi les conclusions, le Creseb est considéré comme une structure tierce légitime et reconnue dans son rôle d’intermédiaire du partage de connaissances, avec des actions et méthodes de travail appréciées mais des retombées trop peu visibles. Les pistes d’amélioration envisagées : optimiser et développer les temps d’échanges, travailler à une meilleure valorisation des travaux et réflexions pour les acteurs de la gestion de l’eau, adapter les méthodes d’animation pour dynamiser les échanges et la communication pour mieux toucher les acteurs opérationnels et les élus locaux.

 

Présentation – Téléchargement pdf (2,69 Mo)
Quel partage de connaissances pour contribuer à l’efficacité de la gestion intégrée de l’eau en Bretagne ? – Rapport de stage – Hugo Le Bail – Université Rennes 2 Master Géographie, Aménagement Environnement, Développement Parcours Environnement, Territoires, Acteurs. 2021 (4,72 Mo)
Panorama de 10 ans de travaux du Creseb – Synthèse thématique présentée à l’occasion du comité scientifique et technique (CST) du Creseb, le 21 octobre 2021. (875,27 Ko)

Regards croisés d’acteurs autour de la gestion quantitative

Table ronde

Intervenants :

  • Mélanie Bardeau, directrice régionale Bretagne du BRGM
  • Lucie Chauvin, coordinatrice du SAGE Baie de Lannion
  • Nadia Dupont, maitresse de conférences, Université de Rennes 2, coprésidente du CST du Creseb
  • Enora Keromnes, chargée des politiques territoriales de l’eau à la Région Bretagne
  • Bruno Ricard, président de la CLE du Sage Rance Frémur Baie de Beaussais

Les participants à cette table ronde partagent leurs expériences et leurs ressentis de scientifiques, acteurs opérationnels ou élus quant à l’intérêt de la co-construction et du partage de connaissances pour affronter une problématique aussi complexe et transversale que la gestion quantitative de l’eau.

Echanges avec la salle

Comment la recherche intègre-t-elle les aspects de transfert de connaissances ?

La nécessité de proposer dorénavant des solutions co-construites avec l’ensemble des acteurs impliqués dans une problématique doit être distillée dès la formation des ingénieurs/ chercheurs/ cadres de demain. Les formations doivent évoluer vers des approches plus participatives.

Concernant les projets de recherche/action qu’accompagne le Creseb, la question du transfert est inscrite très en amont. L’objectif est d’identifier les potentialités de transfert et créer les outils/supports ad’hoc au fil de l’eau. Cela nécessite des moyens, tant pour le Creseb que pour l’ensemble des acteurs concernés, et pose la question de la structuration de l’offre de transfert en lien avec les structures partenaires (ATBVB, OEB, APPCB…). Au BRGM, des budgets sont dégagés très en amont des projets pour produire des supports de communication grand public pour favoriser l’appropriation, l’enjeu étant que les travaux servent au plus grand nombre.

La co-construction va se renforcer dans la mise en place de projets de recherche. Elle s’appuie sur des outils mais aussi sur des instances de co-construction (comme le Creseb, les Zones Ateliers, etc.) où se construit la recherche en réaction aux besoins des acteurs opérationnels. Au-delà de la communication et du transfert a postériori, la co-construction nécessite d’inclure les acteurs dès la conception d’un projet afin de garantir la pertinence des résultats et le pilotage de la communication. Cependant, les intérêts des chercheurs et des acteurs opérationnels ne sont pas toujours convergents et les équilibres sont difficiles à trouver.

Comment les chercheurs peuvent-ils se saisir des questionnements des gestionnaires et interagir efficacement ?

Les groupes de travail thématiques animés par le Creseb sont des lieux d’échanges où les opérateurs/ institutionnels/ scientifiques peuvent co-construire les questions et engager des travaux pour y répondre. Le Creseb fonctionne également en communicant au sein de son réseau. Pour autant, certaines disciplines y sont actuellement sous représentées (sciences politiques et sociales par exemple). Les sciences sociales ont une place prépondérante aujourd’hui concernant l’appropriation voire l’acceptabilité sociale des enjeux environnementaux. Un des enjeux pour le Creseb est de pouvoir mobiliser les interlocuteurs ad’hoc susceptibles de s’impliquer dans ces démarches de co-construction et partage de connaissance, et d’élargir les partenariats.

Un dispositif de type ‘appels à projets’ reste également pertinent pour solliciter largement les laboratoires de recherche et les territoires et les mettre en relation. 

Quelle est la place des élus et des acteurs de territoires dans les processus de partage de connaissances ?

Les élus sont avant tout sur le terrain, et même s’ils sont en charge de l’environnement, ils ne sont pas forcément spécialistes de ces sujets. En tant qu’élus, il est d’abord nécessaire de comprendre les enjeux, puis de les porter et de les partager sur les territoires, ce qui n’est pas toujours facile au vu de la complexité des sujets. L’accès continu à une connaissance interactive est essentiel pour maintenir un travail de co-construction au sein des commissions locales de l’eau (CLE) et avancer collectivement. Le Creseb a un rôle primordial dans le transfert et l’appropriation collective des connaissances. A noter qu’il n’y a pas de budget dédié à la recherche/ développement dans les structures de bassins versants malgré les fonds conséquents investis dans des études.

Par ailleurs, dans leur rapport à la recherche les élus peuvent être sur la réserve, ne se sentant pas forcement légitime à intervenir de manière pertinente, et s’appuient avant tout sur leurs équipes pour agir et porter les dossiers. Pour autant, il est essentiel de s’affranchir de cette posture d’humilité, car il est nécessaire pour les chercheurs d’être sollicités par des questionnements émanant du terrain afin de participer à cette démarche d’appropriation des connaissances. Des questions a priori anodines peuvent générer des questions de recherche particulièrement pertinentes et les connaissances produites peuvent évoluer en fonction des connaissances opérationnelles remontées du terrain.

La question du temps alloué aux acteurs de territoire pour s’approprier les connaissances est également posée car nécessaire pour engager le travail de co-construction. A noter que suite aux temps d’échanges et de transferts de connaissances organisés notamment par le Creseb, les scientifiques peuvent être interpellés par les gestionnaires sur des questions précises, ce qui témoigne d’une certaine réussite en termes d’appropriation.

La question de la prise en compte de la parole des scientifiques par les acteurs de territoires (ex. PLAV) est également posée, et nécessaire pour fixer les bases de véritables compromis entre les parties.

Quelle est la place des associations dans les processus d’acquisition de connaissances ?

Les associations ont de véritables capacités d’expertise en lien avec leur expérience, et sont porteuses de savoirs au même titre que les scientifiques et les acteurs opérationnels. Le Creseb s’associe aux initiatives portées par le tiers secteur de la recherche visant à rendre visible et à structurer l’ensemble des acteurs ‘invisibles’ (chercheurs non académiques, collectivités, associations, etc.) qui participent à la production de connaissances et sont relativement peu reconnus, notamment par les financeurs. Aujourd’hui, les associations ne sont pas directement membres du GIS mais peuvent être associées aux travaux du Creseb.

Comment mieux faire connaitre le Creseb ?

Les membres des Commissions locales de l’eau (CLE) ne connaissent pas nécessairement le Creseb. Il serait intéressant de présenter le Creseb, ses missions et ses travaux auprès des acteurs locaux (CLE et EPCI notamment).

Au-delà du partage des connaissances, les acteurs attendent un accompagnement au plus près de leurs préoccupations et de leur territoire. Ce type d’accompagnement nécessiterait un investissement supplémentaire important en terme de moyens humains et de compétences, impossible à mettre en œuvre à moyens constants. Par ailleurs, la question de la légitimité d’une structure telle que le Creseb dans l’accompagnement personnalisé des territoires se pose vis-à-vis d’autres structures de type bureaux d’études.

Il est également important de mieux évaluer la manière dont les connaissances partagées sont effectivement reçues et intégrées par les territoires. A noter que l’appropriation peut prendre du temps. Elle peut également être décalée au regard des besoins, de la disponibilité, des moyens et des capacités des acteurs de la gestion intégrée de l’eau. Par ailleurs, l’identification du Creseb comme structure tierce légitime et reconnue dans son rôle d’intermédiaire du partage de connaissances constitue une évaluation positive de l’impact de ses travaux.

Quelles sont les méthodes de co-construction utilisées par le Creseb ?

Lors de sa création, le Creseb a été accompagné par des sociologues sur des méthodes de co-construction de projet (modélisation participative). Les méthodes de co-construction doivent s’adapter aux différentes étapes du projet, elles ne sont pas les mêmes en phases d’émergence ou de restitution de projet par exemple. La formation continue des membres du Creseb sur des outils et méthodes d’intelligence collective doit se poursuivre et s’accentuer, pour qu’ils puissent remplir pleinement leur rôle de facilitateur.

Le travail de co-construction chercheurs/acteurs peut s’analyser autour de 3 volets : ce qui est connu – ici l’expertise des territoires est indispensable pour appuyer tout travail de recherche -, ce qui est méconnu – ce sur quoi il est possible d’avancer, de développer des méthodes, des outils -, et ce qui est inconnu – ce sur quoi l’incertitude est immense et durable. Sur ces 3 entrées de la co-construction, il y a besoin d’un accompagnement et d’une méthodologie différente (aide à la décision, interaction sciences humaines, sciences expérimentales et société). La méthodologie du Creseb doit être amenée à évoluer pour prendre en compte cette part inconnue. La question du changement climatique, amène dans un monde nouveau, beaucoup plus incertain que celui que nous connaissons aujourd’hui. Comment aborder cette incertitude d’un point de vue sociétal, scientifique ? La Bretagne, qui est en avance sur un certain nombre de ces sujets, peut devenir un territoire d’expérimentation à l’échelle nationale, voir internationale, et peut mobiliser les acteurs de la recherche à s’intéresser à ces questions.

Retour sur le Conseil de Groupement

Le Conseil de groupement s’est tenu l’après-midi du 2 décembre. L’occasion pour la cellule d’animation de présenter le bilan des 3 dernières années de fonctionnement du GIS (2019-2021), ainsi que les perspectives et grandes orientations de la programmation 2022-2024. Le GIS a également été renouvelé pour la période 2022-2027, et les membres du bureau élus pour cette nouvelle mandature.

Perspectives 2022-2024

2021 fut une année de préparation des 10 ans du Creseb et du Conseil de groupement. Elle fut en cela une année de réflexion permettant de faire un retour critique sur le fonctionnement du GIS, ses modalités d’actions, et de dresser des perspectives pour la période 2022-2024. Des perspectives qui s’ouvrent par une réaffirmation du cœur de mission du GIS :

« Le Creseb est une structure assurant un rôle d’interface entre acteurs scientifiques et gestionnaires dans le domaine du grand cycle l’eau, déployant des modalités d’actions spécifiques et originales à l’échelle régionale »

Pour mettre en œuvre cette mission sur la période 2022-2024, le Creseb entend s’appuyer sur les quatre axes suivants :

  • une stratégie de partage de connaissances qui consiste à améliorer l’articulation entre diffusion et appropriation des connaissances ;
  • une priorisation des orientations thématiques sur i) les ressources en eau et le changement climatique ; ii) l’appui scientifique au plan de lutte contre la prolifération des algues vertes ; iii) les pesticides ;
  • un ajustement des modalités d’action ;
  • une stratégie de communication renforcée.

Renouvellement du GIS et du bureau

La convention du GIS est renouvelée pour 6 ans par voie d’avenant à l’unanimité des membres présents ou représentés. Etait proposé au vote un avenant portant sur les points suivants :

  • Renouveler le GIS Creseb pour la période 2022-2027 ;
  • Mettre à jour les dénominations des membres et partenaires du GIS ;
  • Officialiser la possibilité d’une co-présidence du comité scientifique et technique ;
  • Intégrer les EPCI et les syndicats mixtes ayant validé leur adhésion au GIS au sein de leurs instances.

Sont élus au sein du Bureau du Creseb, à l’unanimité des membres présents ou représentés :

Collège des acteurs de la gestion intégrée de l’eau par bassin versant :

  • Annie BRAS-DENIS, Présidente de la CLE du SAGE Baie de Lannion ;
  • Michel DEMOLDER, Président de la CLE du SAGE Vilaine ;
  • Ronan LE DELEZIR, Président de la CLE du SAGE Golfe du Morbihan et de la Ria d’Etel ;
  • Bruno RICARD, Président de la CLE du SAGE Rance Frémur Baie de Beaussais.

Collège des acteurs scientifiques :

  • Mélanie BARDEAU, Directrice régionale Bretagne du BRGM ;
  • Patrick DURAND, Directeur de recherche à INRAE ;
  • Gérard GRUAU, Université de Rennes1, Directeur de recherche au CNRS, OSUR ;
  • Pauline ROUSSEAU-GUEUTIN, Enseignante-chercheure à l’EHESP.

Est élue, présidente du comité scientifique et technique (CST), à l’unanimité des membres présents ou représentés : Nadia DUPONT, Maitresse de conférences à l’Université de Rennes 2.

A l’occasion du bureau du 12/01/2022, Gérard GRUAU, Université de Rennes1, Directeur de recherche au CNRS, OSUR, et Michel DEMOLDER, Président de la CLE du SAGE Vilaine, ont été ré-élus à l’unanimité co présidents du Creseb.

Creseb – Rapport d’activité pluriannuel – Années 2019-2021 – Document validé par en bureau du GIS le 12/01/2022. (1,86 Mo)
Creseb – Programmation 2022-2024, et perspectives 2024-2027 – Document validé par en bureau du GIS le 12/01/2022. (1,35 Mo)